Alice a peut-être trouvé Docteur. Ce soir, elle était convoquée avec son fils pour s’entretenir avec la maîtresse de ce dernier. Quelques jours plutôt,il racontait à Alice qu’un certain … lui avait pris quatre cartes Pokemon. Pour le fils d’Alice « pris » signifiait « voler ». Pas d’échange règlementaire, pas de négociation dont une carte à terre et alors ramassée par un tiers.
Alice en discute avec lui afin de vérifier (quelle idiotie de notre part) si il maintient ses propos. Et cela sans induire, vous le savez bien. Le mari d’Alice participe aussi à la conversation où l’entretien devrais-je dire…
Alice et son mari ont l’intime conviction que leur fils s’est bien fait extirpé ses quatre cartes. Et alors ? Cela devrait leur suffire.
Et bien non. Alice et son mari, d’un commun accord, décident d’aller voir l’enfant afin de le sommer de rendre son bien à Leur Fils. Où allons nous avec la citoyenneté actuelle. Cet enfant de 10 ans doit apprendre qu’il ne peut voler impunément. Afin qu’il ne soit pas mis à mal en contactant ses parents (on ne sait jamais, certains parents peuvent sévir au-delà de ce que la situation implique), nous décidons de nous adresser directement à lui.
L’enfant est difficile à interpeller. Alice finit par le coincer dans un couloir. Elle se dirige droit sur lui en le fixant des yeux. Elle ne lâche pas le regard de « ce sale gamin ».
« - Tu as pris trois cartes à mon fils, tu le lui rends immédiatement. »
Le gamin déloge, immédiatement, de son cartable, les cartes. Il en tend une au fils d’Alice et déclare
« - les deux autres, je ne les ai plus, je les ai échangées. »
Alors intervient une maîtresse,
« - c’est pour ce genre d’histoire que l’on ne veut plus que les parents entrent dans l'enceinte de l’école sans y être invités. » Le jeune garçon profite de ce moment de distraction pour se carapater. Trop tard. Alice explique la situation à la maîtresse qui a raison et dit en résumé
« - peu importe. »
Mais Alice, en bonne mère teigneuse et soucieuse de sa progéniture a décidé de ne pas lâcher pas le morceau. Elle s’y aggrippe comme à un os.
Comme un prolongement d’elle-même, son fils ; ils n’ont pas besoin de lui pour établir une vérité.
Et les larmes coulent alors une à une, tout doucement, sur les joues d’Alice. Elle ne peut pas se contenir devant la maîtresse. Elle ne sait pas alors…
Qu’est ce que représente la maîtresse pour Alice ?
C’est l’adulte. C’est celle qui sait. C’est celle que l’on ne peut détromper…
Alice a du boulot, elle n’a pas fini de rencontrer Doc Maboule pour pleurer, lui raconter les petites misères de sa vie. Quel drame !
Vous souvenez-vous de ce qui a amené Alice chez le psy ? vous en ai-je déjà parlé ? Je ne sais plus, excusez moi.
Alice a cru qu’il avait besoin d’elle. Elle est sûre de l’avoir lu dans son regard, elle entendait ces signaux de détresse si chers, si indispensables. Ils étaient parfaitement orchestrés. Alice fut flattée.
Alice ne voit pas de l’amour dans les yeux de l’autre. Elle ne veut voir que du BESOIN, du besoin d’ELLE. Et là, elle peut tomber amoureuse…de ce besoin qu’elle veut si fort d’elle. Elle est ainsi. Si tel n’est pas le cas ou si elle ne peut aider réellement, l’angoisse la saisit, l’étreint si fort, une étreinte douloureuse aux flots aigûs.
Interlude
Et pour vous comment cela se passe-t-il ?
Non, Alice déconne. Elle ne veut rien savoir.
Suite à sa dernière séance, Alice dirait aujourd’hui à Doc Maboule
« - vous m’avez fait croire que vous aviez besoin de moi, pour me comprendre et me verbaliser ce qu’il en était pour moi. Vous penchiez la tête en me fixant. Et là, j’ai encore voulu voir ce besoin de MOI. Vous l’avez verbalisé en demandant d’en dire davantage.
Avec vous Alice ne tombe pas amoureuse mais trouve, à travers la relation, ce point qui résonne en elle, qui la déraisonne. C’est parce que vous avez saisi très rapidement ce qui amenait, Alice, chez vous.
Et, comme avec chaque patient qui souffre du même mal, vous avez mis sa machine cérébrale en route, l’écoute de soi.
43 piges, lors de votre première rencontre, avec elle. Harnachée de son histoire dorée d’adultes qui lui rabâchent
« - ce n’est pas bien de ne penser qu’à soi, il faut d’abord secourir les autres, et en premier, tu commenceras par ta mère.».
En prime, dernière d’une fratrie de huit enfants. La chanson de « ah c’est votre dernière, c’est la plus gâtée…et gnagna na.
Et voici comment Alice s’est embrigadée pour de longues années de souffrance. Que non t-ils pas tous besoin d’Elle !!! Et la voilà partie pour des années de râteaux de blessure d’amour propre.
Pourquoi ? Parce que tout le monde n’est pas éduqué ainsi. Il en est qui peuvent vivre seul et pourtant entouré des autres. Ils en sont suffisamment détachés pour ne pas souffrir, à ne rien attendre d’eux, et, surtout, pas de besoin d’eux qui ne soit vital. Et ils ont raison.
Mais direz vous à Alice, il est resté avec sa femme.
Ce qu’elle raconte ne tient pas la route.
« - Il a donc besoin d’elle…Il a eu aussi besoin d’elle. »
Non. Non. Non. Il a, un jour, trouvé une femme qui elle aussi a cru qu’il avait besoin d’elle et il l’épousa. Lui fit-il croire, tout comme à Alice, de son irrémédiable besoin d’elle ?
« oui, c’est bien ce qu’on te dit Alice.».
« - Attendez, elle n’a pas fini son histoire ! (encore un truc qui l’agace çà, les gens qui l’interrompent quand elle est en train de parler ! lol)
C’est bien parce qu’il n’a plus besoin de personne qu’il ne l’a pas choisie. Il ne se posait même pas la question d’un choix. Il l’avait déjà fait par le passé. Ce qui les rassemble et c’est suffisant pour lui, des intérêts financiers en commun. Ok Alice est nettement plus fraîche et plus intelligente mais il n’en a pas besoin, il a déjà connu cela. Elle se fanera elle aussi.
Cher Doc, Alice va même jusqu’à se dire
William Sheller chante à sa fille (en a-t-il une ? « - je voudrais une maman qui te ressemblerait… ».
Merci William Sheller, Alice vous adore. Une ou un enfant est là pour vous faire grandir. Or, ses parents à elle n’en ont fait que la moitié. Ses parents lui ont dit que c’est elle qui avait besoin d’eux. Ils l’ont mis en position de demandeuse uniquement. Ils ne l’ont pas aidé, autorisé à partir doucement d’eux.
Alice, il est grand temps que tu l’apprennes. Voici :
Aime-toi Alice, soit aussi amourorespectueuse de toi, quoique tu fasses, tu en es capable. Tu ne souffres pas de lui mais de toi, de ce foutu sacro saint besoin qu’on ait besoin de toi.
Ce type n’a pas fait comme ton mari Alice. Ce dernier qui te dit chaque jour combien il a besoin de toi, combien il t’envie, combien tu es une merveilleuse mère et une excellente maîtresse. Ainsi tu ne souffres pas, il répond à ce dont tu as besoin pour vivre heureuse. Il est étrange que tu ne sois pas devenue assistante sociale ? Un métier qui t’irait comme un gant. Tous ces gens qui auraient besoin de Toi, ce a quoi on t’a fabriqué « ayez besoin de MOI ». Une allée qui serait jalonnée et où tu serais sûre d’en avoir toujours sous la main. Les nécessiteux pour certains.
« - Et tu as cru cela, jusqu’à ce soir ? Ce que tu peux être sotte ma pauvre Alice, enfin, mieux vaut tard que…tu connais la suite. »
Pourquoi cette histoire n’était pas ou n’est pas encore entièrement résolue avec ce type ? Parce qu’il t’a mis en face de mon miroir. Il a parfaitement su jouer de l’alternance entre « J’ai besoin de toi » et « je n’ai PAS besoin de TOI ». Les moments de souffrance, de grande souffrance étaient bien dans les « je n’ai PAS besoin de TOI ». Et si jusqu’à ce jour, tu n’as pas réussi à t’en détacher, c’est parce qu’il sait qu’en jouant sur FB d’un clic sur tes commentaires ou images en disant « j’aime », quand bien même très rarement, il se met en situation du « j’ai BESOIN DE TOI puisque je pense toi en agissant de la sorte.». Et voilà Alice de nouveau bousculée, replongeant vers tes angoisses comme du temps où ils étiaient amants. Et ce n’est ni plus, ni moins ce que tu demandes, qu’il t’envoie comme par enchantement, comme chez les alcooliques, une période qu’ils connaissent si bien « le marasme doré ».
Il faut qu’Alice se regarde dans le miroir et qu’elle se dise « je t’aime » car, et oui, il est aussi ici à faire d’estime de soi. Alice n’a pas pu se l’autoriser totalement. Heureusement me direz-vous ?
Alice se prend les pieds dans les fils. Elle s’emberlificote.
A bientôt.
Alice n'a pas terminé son propos en espérant que vous ayez réussi à la suivre dans la quête de son miroir.